La stratégie "Marseille au cœur des flux mondiaux en Méditerranée - Stratégie pour une ville portuaire compétitive et durable" a été votée au Conseil municipal le jeudi 12 décembre 2024, avec quatre grandes ambitions : 

• Accélérer la mutation du port pour développer sa compétitivité et faire face aux enjeux climatiques et énergétiques; 
• Construire l'avenir du port en prenant appui sur son histoire et la culture, pour développer les compétences et les emplois d’aujourd’hui et de demain; 
• Préserver la santé, améliorer la sécurité et la qualité de vie des Marseillaises et des Marseillais; 
• Améliorer le cadre de vie, conforter les espaces portuaires et maritimes en développant leur accessibilité; 
• Donner un nouvel élan à la relation ville-port.

Retrouvez la stratégie "Ville portuaire compétitive et durable" et l’ensemble des proposition (PDF)

Le Grand Port Maritime de Marseille, pilier de l'économie locale

En ce début de XXIe siècle, bien que faisant face à la concurrence internationale et aux désordres du monde, le Grand Port Maritime de Marseille (GPMM) est un pilier de l'économie locale, un outil de souveraineté essentiel à la France et l’Europe, et un acteur clé du commerce international. Il occupe la première place maritime française, et se classe parmi les dix plus grands ports européens. 

Le GPMM est un port global en capacité de traiter tous les types de trafics, qu’il s’agisse des hydrocarbures, des conteneurs ou des passagers. Il dessert 500 ports répartis dans 160 pays et a accueilli, en 2023, 9 000 escales et 72 millions de tonnes de marchandises. Tous les modes de transport y sont disponibles (portuaire, ferroviaire, aérien et autoroutier), faisant de Marseille et son territoire métropolitain la première plateforme multimodale du sud de l'Europe, au carrefour de l’axe Méditerranée-Rhône-Saône, qui offre d’importantes opportunités de marchés et de développement de trafics.

Développement de l'emploi

Les bassins Est du GPMM répondent aux standards internationaux pour l'accueil des activités passagers, qui ont connu un développement très important ces dernières années, avec 4 millions de passagers en 2023. Forte de ses deux compagnies maritimes battant pavillon français, titulaires de la délégation de service public pour la desserte de la Corse, Marseille s’affirme comme le principal port de desserte de la Corse et du Maghreb.

L’activité portuaire, et plus largement l’économie maritime, contribuent de manière déterminante au développement et à la prospérité de Marseille, en mobilisant les savoir-faire et les compétences uniques des travailleurs portuaires. Selon une étude de 2023 de l’INSEE, le cluster industrialo-portuaire de Marseille-Fos génère 42 600 emplois, soit près de 8 % de l’emploi salarié privé des Bouches-du-Rhône, dont 14 380 à Marseille même.

Marseille s’affirme aussi comme un carrefour mondial pour les flux numériques, avec l’atterrage de nombreux câbles sous-marins et l'implantation de centres de données. Ces infrastructures sont essentielles au fonctionnement de l’internet et de l’économie mondiale, et peuvent contribuer à renforcer la souveraineté numérique de la France et de l’Europe. Cependant leurs impacts énergétiques, environnementaux et fonciers doivent être pris en compte, ainsi que leur articulation avec le tissu économique et l’emploi local.

Intégrer les dimensions environnementales, sociales et culturelles

Marseille et son port, trait d’union entre l’Europe, le Maghreb, l’Afrique et l’Asie, sont à une période charnière de leur histoire. L'avenir du GPMM réside non seulement dans ses capacités logistiques et économiques, mais également dans sa faculté à intégrer harmonieusement les dimensions environnementales, sociales et culturelles au cœur de son développement.

L’urgence climatique et les exigences croissantes en matière de durabilité imposent à Marseille, comme à l’ensemble des grandes villes portuaires dans le monde, de repenser leurs stratégies de développement. Il s'agit ainsi de concilier les enjeux de compétitivité économique, essentiels à la prospérité de la communauté portuaire et au développement de l’emploi, avec les enjeux de préservation de l’environnement et d’amélioration du cadre de vie des habitants. 

Si les territoires portuaires sont fragiles, particulièrement impactés par les effets du changement climatique, ils apparaissent également comme les meilleurs endroits où expérimenter des solutions innovantes. Marseille a l’ambition de devenir un modèle de mutation pour les villes portuaires européennes et méditerranéennes. Le territoire ferait interagir et prospérer la ville et le port, ensemble. L'activité et la culture maritimes seraient intégrées dans la trame urbaine. 

Une stratégie ambitieuse d’aménagement et de développement des activités portuaires 

En tant que membre actif de l’Association Internationale Villes et Ports (AIVP), Marseille souhaite inscrire son développement en cohérence avec les 10 objectifs de son Agenda 2030, et les Objectifs de Développement Durable (ODD) des Nations-Unies pour les villes portuaires. 

En adaptant ces objectifs au contexte et aux enjeux locaux, la Ville de Marseille manifeste sa volonté de soutenir une stratégie ambitieuse d’aménagement et de développement économique durables des activités portuaires. La Ville porte la conviction que les villes portuaires les plus compétitives seront celles qui mènent à bien leur révolution verte et bleue, ce qui implique des investissements massifs dans le développement des infrastructures portuaires et logistiques.

De nombreux projets structurants sont actuellement en cours de développement dans les bassins Ouest du GPMM, dans les domaines de l’énergie, de la logistique et de l’économie circulaire. Ces projets industriels majeurs vont constituer à terme de puissants vecteurs de rayonnement économique pour l’ensemble du territoire. Ils contribueront à l’émergence de nouveaux métiers et nécessitent une adaptation de l’offre de qualifications et de formations, mais également des investissements conséquents dans les services de mobilité afin que ces nouvelles opportunités d’emplois puissent bénéficier aux Marseillaises et aux Marseillais.

Alors que le GPMM travaille à l’élaboration de son plan stratégique 2025-2029 et qu’il entend développer sa vision prospective à l’horizon 2050, la Ville de Marseille souhaite, de manière inédite, affirmer à travers ce document sa propre vision des enjeux portuaires et ses priorités pour le développement de son port.

Principales propositions

Accélérer la mutation du port pour développer sa compétitivité et faire face aux enjeux climatiques et énergétiques

• Augmenter massivement les investissements publics et privés pour développer le port et accompagner sa transition écologique | GPMM et partenaires
• Affirmer une stratégie domaniale au service du développement des activités historiques du GPMM plutôt que des opérations immobilières | GPMM
• Faire du GPMM le moteur de la construction du grand port fluvio-maritime de l’axe Méditerranée – Rhône – Saône en veillant à ce que le processus d’intégration se fasse dans l’intérêt du territoire, des travailleurs portuaires et des entreprises locales | GPMM, UMF, communes
• Développer les trafics rouliers sur les bassins Est à la hauteur de leur potentiel et engager une réflexion sur les possibilités de construction en élévation des terres pleins pour procurer des marges de stockage et de trafics supplémentaires | GPMM
• Faire du retrofit durable des navires une nouvelle opportunité de marché et un avantage compétitif pour la filière de la 
  réparation navale | Chantier Naval de Marseille
• Développer les capacités de production énergétique sur le port (géothermie, thalassothermie, énergie houlomotrice etc.) pour répondre aux besoins énergétiques de la ville | GPMM, Ville, opérateurs privés

Construire l’avenir du port en prenant appui sur son histoire et la culture, pour développer les compétences et les emplois d’aujourd’hui et de demain

• Inscrire les enjeux de formation et de développement des compétences au cœur du projet stratégique axé sur les enjeux de transition énergétique et de décarbonation | GPMM, Région, Ville
• Réaliser la future école des marins-pompiers afin de faire de Marseille-Fos une référence euro-méditerranéenne dans le domaine de la sécurité maritime et portuaire | Ville, BMPM
• Faire du Port Center un lieu fédérateur des acteurs de l’emploi maritime pour susciter des vocations pour les métiers de la mer chez les jeunes | GPMM, Région, Métropole, Ville
• Contribuer à la promotion du Port Center via l’Office de tourisme et les musées de Marseille pour que tous les écoliers puissent découvrir le port | Ville, Office de tourisme

Améliorer la santé, la sécurité et la qualité de vie des Marseillaises et des Marseillais

• Relancer les négociations intergouvernementales pour la création d’une zone ECA (Emission control area), limitant les émissions de polluants maritimes atmosphériques en Méditerranée | État 
• Mettre en place une « Clean Air Zone » (ZFE maritime) pour améliorer la qualité de l’air et la santé des Marseillais | État, GPMM, Métropole, Ville 
• Accélérer le calendrier de branchement de la Forme 10, plus proche des habitations que les terminaux croisières | GPMM, Région, Ville 
• Mettre en œuvre en 2025 le programme de réduction des nuisances ferroviaires demandé par la Ville (mur anti-bruit à Saint-André) et doté d’une enveloppe de 8 M€, dont 3 M€ financés par la municipalité | État, Ville, Métropole, Département
• Créer le « Laboratoire Ville Protégée » (équipements mobiles de détection et mesure des pollutions air-eau-sol) | Ville, BMPM 
• Encadrer et limiter le développement de la croisière de masse et dans les meilleurs délais n’accueillir que des navires en capacité de pouvoir se connecter à quai | État, GPMM 
• Limiter et à terme interdire l’accueil de navires équipés de système de scrubbers à boucle ouverte | État, GPMM

Améliorer le cadre de vie, conforter les espaces portuaires et maritimes en développant leur accessibilité

• Lancer un programme global de requalification et d’amélioration du cadre de vie de l’Estaque, Saint-Henri et Saint-André, intégrant un apaisement de la RD 568, une piétonnisation et une végétalisation des espaces | Métropole, Ville 
• Desservir l’Estaque par navette maritime y compris l’hiver, en passant à l’intérieur de la Digue du large | GPMM, RTM 
• Sanctuariser les voies dédiées au fret et à la constitution de trains longs sur le terminal ferroviaire d’Arenc dans le cadre de la LNPCA | SNCF-Réseau, Région 
• Soutenir et développer la filière de réparation de la grande plaisance dans une logique articulée entre Marseille et La Ciotat | GPMM, Région, Métropole 
• Équiper le J4 en connexions électriques | GPMM 
• Limiter exclusivement aux espaces délaissés ou pollués le développement des centres de données, sur les seules implantations ne concurrençant pas les activités maritimes et portuaires | GPMM, Métropole 
• Installer une « capitainerie urbaine » pour mieux gérer les flux de visiteurs qui arrivent et repartent de Marseille par l’une de ses quatre grandes portes d’entrée (port, aéroport, gare SNCF, autoroutes) | État, GPMM, Ville, Métropole, Région, RTM, Aéroport, SNCF

Donner un nouvel élan à la relation ville-port

• Élaborer un nouveau « contrat de ville portuaire » actualisant la Charte Ville-Port de 2013 en intégrant les enjeux actuels : sécurité, changement climatique, santé publique, environnement, culture et patrimoine, participation de la société civile | Ville, État et partenaires 
• Associer le Bataillon des Marins-Pompiers à la Charte Ville-Port et au contrat de ville portuaire | Ville, État 
• Associer plus étroitement l’Université et les chercheurs | Ville, État, AMU et partenaires 
• Préserver impérativement les espaces dédiés à l’activité industrielle | GPMM 
• Développer les liens entre les bassins Est et Ouest du port, en conciliant les activités industrielles et logistiques avec les besoins urbains et environnementaux | GPMM, Ville, Métropole 
• Relancer le projet de création d’une navette ferroviaire entre les bassins Est et les bassins Ouest | GPMM, SNCF-Réseau, Métropole