Depuis la fin janvier, la fondation Le Refuge met à l’abri des jeunes LGBT+ chassés de leur domicile familial dans deux appartements mis à disposition par la Ville de Marseille.

Armin, 22 ans, est le premier résident à s’être installé dans cet appartement du 4e arrondissement de Marseille, dès le lendemain de la fin des rénovations, en janvier 2025. Originaire d’Iran, iel s’est retrouvé seul à Marseille et n’arrivait pas à trouver de logement. Entré en contact avec la fondation Le Refuge à travers le Centre LGBTQIA+ Marseille, cette mise à l'abri lui permet de se reposer, et d’envisager l’avenir. "En Iran, je ne pouvais pas m’exprimer, vivre mon orientation sexuelle et mon genre. J’essaie maintenant de me trouver en tant que personne non-binaire", raconte Armin. Le Refuge l’aide désormais dans sa demande d’asile.

La fondation, présente à Marseille depuis 2009, héberge et accompagne des jeunes LGBT+ en rupture familiale. En 2023, Le Refuge disposait de 10 places. Aujourd’hui, ce sont 40 places disponibles dans la ville, ce qui en fait la plus importante délégation du pays. Cinq personnes sont désormais hébergées dans ces deux appartements mis à disposition par la Ville. "Nous proposons des contrats de séjour de trois mois renouvelables, avec un projet d’hébergement et des objectifs qui varient selon la personne", précise Grégory Bernard, chef de service pour la délégation des Bouches-du-Rhône.

Les personnes queer 3 à 4 fois plus victimes de violences psychologiques et physiques dans leur famille

En effet, les situations de ces jeunes fluctuent énormément. S’ils se retrouvent sans logement, souvent en raison d’une rupture familiale, ils ont parfois fait face à des violences, souffrent de problèmes de santé, d’addiction, ou sont comme Armin, dans une démarche de demande d’asile. "Certains jeunes deviennent rapidement autonomes, alors on les oriente vers une formation ou un emploi, puis un logement. Pour d’autres, il y a tout un parcours à faire avant d’atteindre l’autonomie", indique Grégory Bernard. Les personnes queer sont 3 à 4 fois plus victimes de violences psychologiques et physiques intrafamiliales que les personnes hétérosexuelles, selon le rapport de l’Observatoire des vulnérabilités queers de la fondation Le Refuge, publié en octobre 2024.

Maxime a 21 ans est hébergé par Le Refuge depuis trois semaines. "J’ai eu beaucoup de conflits familiaux avec mes parents, parce que je suis malade et homosexuel." Après un viol intrafamilial, Maxime a été mis à la porte. Logé une première fois par Le Refuge, il a ensuite été pris en charge par l’aide sociale à l’enfance. À la fin du contrat jeune majeur qui lui permettait de bénéficier de l’accompagnement jusqu’à 21 ans, Maxime a de nouveau été recueilli par la fondation : "J’aimerais arriver à me soigner, économiser de l’argent et trouver un logement adapté à ma situation."

Maël ne veut désormais plus "se cacher"

Chaque jour, Le Refuge reçoit cinq demandes officielles d’hébergement. En effet, 1 adolescent LGBT+ sur 10 s’est déjà retrouvé sans domicile. Et les risques de difficultés de logement se multiplient quand l’enfant atteint la majorité. 72 % des demandes d’hébergement reçues par Le Refuge concernent des 18-25 ans. Maël, 20 ans, a été chassé de chez lui à l’âge de 18 ans. "Mon beau-père était violent, me frappait, n’aimait pas qui j’étais." Pendant deux ans, il est hébergé chez des amis, enchaîne des petits boulot, jusqu’au moment où plus personne ne peut le recevoir. Arrivé il y a deux semaines à Marseille, Maël ne veut désormais plus "se cacher".

Au-delà d’un lieu sûr, dans lequel les jeunes peuvent vivre, Le Refuge propose un accompagnement global : démarches administratives, orientation vers des professionnels de santé, insertion professionnelle, parcours thérapeutique… "Nous faisons des visites une fois par semaine, pour prendre des nouvelles et identifier les problématiques", détaille Laura Vanhaecke, travailleuse sociale. Les personnes hébergées sont aussi mises en lien avec des associations sportives inclusives comme LGBT Mars et Must (Marseille United Sport pour Tous).

Un travail important est également fourni par les bénévoles qui proposent deux permanences par semaine avec des activités comme des ateliers de confection de bijoux, des balades à la mer ou la préparation de la Pride. Au printemps, un jardin partagé va être installé, pour permettre de cultiver un petit potager. "L'accent est également mis sur le savoir habiter, comment prendre soin de son espace, et de son corps aussi avec la nutrition, ce qui n'est pas évident quand on n'a pas eu l'espace physique ou mental pour le faire", ajoute Laura Vanhaecke. Centre d'hébergement d'urgence, Le Refuge propose aussi à ces jeunes discriminés à cause de leur transidentité, homosexualité, bisexualité ou intersexuation, de se reconstruire. 

Contacter Le Refuge 

Ligne d'écoute du Refuge : 7j/7 de 8h à minuit : 06 31 59 69 50

Site internet du Refuge 

Délégation des Bouches-du-Rhône : 16, rue du Docteur Jean Fiolle, Marseille 6e
les lundi, mardi, jeudi et vendredi de 9h30 à 17h30, le mercredi de 13h à 20h30 : 09 53 74 88 01